Au printemps 2023, le Conseil d’administration de l’Institut a adopté une démarche stratégique de progrès, destinée à consolider sa situation financière et à développer les services rendus à ses membres et au-delà, pour une maîtrise optimisée des risques. Cette stratégie repose sur trois axes complémentaires : développer les adhésions ; fédérer les métiers du risque ; professionnaliser les services.
Où en sommes-nous, en ce printemps 2025 ?
L’année 2024 a été marquée par le départ de Clément Judek, la réorganisation du secrétariat de l’Institut avec la nomination de Manon Raguenet au poste de Secrétaire générale, ainsi que par la finalisation de la préparation et la tenue du Congrès Lambda Mu 24. Ces circonstances n’ont pas permis de concentrer des efforts substantiels en direction de nouveaux adhérents potentiels. Cependant, le nombre total d’adhérents augmente de manière modérée, notamment en raison de la politique d’adhésion associée à la tarification du Congrès.
La volonté de professionnaliser davantage les services rendus par l’Institut s’est traduite par le succès de ce Congrès. En effet, pour la première fois depuis la création de l’Institut, la gestion de l’événement a été entièrement internalisée grâce à l’engagement de Manon et des membres du Bureau, en coopération avec l’INSA Centre Val de Loire, qui a mis son campus de Bourges à disposition. Le résultat financier très largement positif de cet événement contribue ainsi au nécessaire redressement des fonds propres de l’Institut, mis à mal pendant la période du COVID.
Au crédit de cet effort de professionnalisation, il convient également d’inscrire la consolidation du mode de gestion financière des Projets, indispensable à leur développement futur, le démarrage des travaux des Comités pédagogique et scientifique, la réalisation d’un rapport annuel en bonne et due forme avec la contribution de la plupart des GTR, et la signature d’un accord-cadre avec AFNOR. Cet accord vise à renforcer le partenariat existant, en amplifiant les efforts de valorisation des travaux menés au sein des GTR par le développement normatif, en permettant la publication par AFNOR Éditions d’ouvrages de référence élaborés par des auteurs IMdR, et la réalisation de formations sous l’égide d’AFNOR Formation.
Fédérer les métiers du risque constitue pour l’Institut une ambition de nature différente. L’IMdR s’est construit autour du regroupement de trois communautés d’expertise différentes et complémentaires : celle de la sûreté de fonctionnement, celle du management des « facteurs organisationnels et humains » des risques, et celle des cindyniques.
Si ces communautés ont pu émerger, chacune dans son contexte historique propre, c’est grâce à la convergence entre deux mouvements profonds :
Un certain nombre d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche ont progressivement rejoint ce double mouvement, permettant de consolider et d’enseigner les doctrines mises au point par les experts.
Plus de vingt ans se sont écoulés depuis la fusion de l’ISF et de l’IEC, soit plus d’une génération d’ingénieurs, d’experts et de cadres dirigeants. Les membres des GTR, avec l’appui apprécié de la « Commission Produits », continuent d’explorer les gisements de productivité et d’innovation que recèlent les problématiques de sûreté de fonctionnement au sens large, étendues par exemple à la question de l’irruption de l’intelligence artificielle dans les processus industriels, ou à celle des arbitrages budgétaires d’investissements en situation incertaine.
Ces équipes d’experts trouvent à l’IMdR un cadre apprécié pour approfondir les disciplines et contourner les silos de la gestion des risques dans l’entreprise, notamment grâce aux « Projets IMdR », outil pertinent de cofinancement volontaire par les membres souhaitant partager les coûts de résolution de problèmes communs.
Mais si l’IMdR reste une institution respectée, il faut aussi constater que le soutien d’adhésion des entreprises et organismes repose sans doute aujourd’hui davantage sur des habitudes entretenues par les équipes d’experts participant activement aux travaux de l’Institut que sur une volonté stratégique explicite et assumée.
Et pourtant ! Prenons l’exemple de l’application des règlements européens du Pacte Vert, dont la CSRD, qui elle mobilise les états-majors : l’ambition affichée est d’orchestrer le progrès des entreprises vers une meilleure prise en compte des enjeux de décarbonation et d’écologie dans les territoires où elles sont présentes. Mais, une fois les premiers rapports publiés selon les exigences réglementaires, souvent avec l’appui de cabinets de conseil, comment espérer tracer une trajectoire réaliste de progrès en matière de double matérialité (industrielle, écologique, économique et financière), puis la mettre en œuvre avec succès, sans placer au cœur du processus les ingénieurs-managers qui décident, conçoivent et opèrent les processus industriels consommateurs de ressources et d’énergie ?
Il s’agirait, ni plus ni moins, d’étendre la problématique de sûreté de fonctionnement à de nouveaux paramètres décrivant les attentes de la société vis-à-vis des produits ou services. La création de la Chaire de l’ESTP « Sustainable Dependability », portée par Sector, est une initiative en ce sens. Toutefois, mettre cette problématique explicitement sur la table de l’IMdR ne peut relever des seuls experts, compte tenu notamment des impacts organisationnels que supposerait sa mise en œuvre opérationnelle.
Pourtant, il ferait sens que de grands acteurs des filières industrielles françaises se retrouvent autour d’analyses partagées de la problématique du management des risques de l’entreprise (ERM), afin de peser ensemble en faveur de solutions utiles, réalistes et innovantes, comprises et soutenues dans leurs territoires d’implantation. L’IMdR dispose, pour cela, de ses experts, de ses membres – notamment les membres fondateurs, qui représentent une puissance industrielle considérable à l’échelle nationale – et des outils organisationnels nécessaires. Le concept de « Projet IMdR » serait particulièrement adapté à un tel effort – limité au regard des coûts d’élaboration des rapports CSRD – d’investissement dans la faisabilité d’une approche méthodologique innovante.
De même, les approches de la sûreté de fonctionnement et du management des risques de l’entreprise seraient très pertinentes pour aborder de manière novatrice la problématique de l’organisation de la résilience des territoires face aux multiples risques auxquels ils sont confrontés, en associant à la fois les institutions territoriales de différents échelons, les entreprises et autres acteurs économiques impliqués. Ces approches permettraient notamment d’accélérer l’évolution nécessaire des cultures du risque, de mieux articuler prévention et réparation, et d’aider à fédérer les efforts publics et privés.
Les sujets d’investigation ne manquent pas, pas plus que l’enthousiasme des experts de l’Institut, qui s’est à nouveau manifesté lors du dernier Congrès. Reste cependant à convaincre les décideurs d’investir davantage dans de tels travaux…
Jacques Repussard
Président de l'IMdR